Allocutio du Pere Bede McGregor, op Directeur spirituel du Concilium,  Fevrier 2016

Le Carême : le Baptême et la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge
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L’Eglise, inspirée par l’enseignement de Jésus lui-même, nous demande de célébrer le Carême dans un esprit de joie. Donc, dans l’Evangile du Mercredi des Cendres, elle met devant nous les paroles de Jésus : « Et lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme les hypocrites, qui exténuent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu’ils jeûnent… Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra ». (Mt 6:16-18)

Il y a beaucoup d’encouragement et d’inspiration autour de nous pendant le Carême si nous avons les yeux pour les voir. Certaines personnes décident de se livrer à des œuvres spirituelles et corporelles de miséricorde, certaines se résolvent à aller à la messe quotidienne, certaines de faire une vraiment bonne confession, certaines d’abandonner les boissons alcoolisées, certaines de prier tous les jours le chapelet en famille, certaines de pardonner à quelqu’un qui les a blessées très profondément, et quelques légionnaires, plaise à Dieu, décideront de prier, matin et soir, la prière de l’Office Divin et ainsi de devenir membres prétoriens ou adjutoriens de la Légion. Il y a tellement de générosité d’esprit autour de nous, pendant le Carême, et au moins nous voulons tous et cherchons à être de meilleurs chrétiens, et donc à être de meilleurs êtres humains d’une façon ou d’une autre. Toute l’Église cherche à se renouveler et donc à se recentrer sur l’amitié personnelle avec Jésus-Christ. Pas étonnant que nous ayons toute l’expérience, dans une certaine mesure, pendant le Carême, de la joie de l’Evangile dont le Pape François nous parle toujours.

Mais en ce Carême, je voudrais réfléchir, sous la tutelle de saint Louis-Marie de Montfort, sur le Baptême et sa relation avec la Vraie Dévotion à Marie. A l’origine, le Carême était la préparation finale des catéchumènes au Baptême et pour ceux qui sont déjà baptisés, une préparation sérieuse pour le renouvellement solennel de leur Promesse baptismale. La veillée pascale était, et est toujours, le moment le plus important de l’année liturgique. Je pense qu’il est salutaire de citer quelques lignes de la Proclamation de Pâques, appelée Exsultet pour avoir une idée de la joie universelle à vivre dans la célébration du Baptême : « Qu’exulte de joie dans le ciel la multitude des anges ! Chantez, serviteurs de Dieu, et que retentisse la trompette triomphale pour la victoire du grand Roi ! Réjouis-toi, ô notre terre, resplendissante d’une lumière éclatante, car il t’a prise en sa clarté et son règne a dissipé ta nuit ! Réjouis-toi, Eglise notre mère, toute remplie de sa splendeur, et que résonne l’acclamation du peuple des fils de Dieu !… ». La proclamation se passe dans la joie profonde et prolongée. Mais le Baptême est-il un thème si central du Carême et au cœur de la grande fête de Pâques ? Et pourquoi le Baptême est-il le thème central de la prédication de saint Louis-Marie de Montfort, de son petit livre sur la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge et ses autres écrits ?

La réponse à ces questions est vraiment très simple. Le Baptême est extrêmement important pour Montfort en raison de son absolu Christo-centrisme. Dans le Baptême, nous recevons notre identité chrétienne. Nous sommes baptisés dans le Christ, devenant membres de son Corps mystique, enfants du Père et temples du Saint-Esprit. Dans le Baptême, nous sommes totalement immergés dans le Christ, dans sa mort et sa Résurrection. Montfort appelle le Baptême une consécration totale à Jésus-Christ et c’est cette consécration qui est le fondement de toute sa spiritualité.

Parfois, on entend des gens dire que la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge de Montfort va trop loin et implicitement que la Légion de Marie aussi. Il est difficile de croire qu’ils ont lu la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge ou le Manuel de la Légion, ou tout au moins les ont compris. Par exemple, Montfort écrit dans la Vraie Dévotion : « Si notre dévotion à Notre-Dame nous distrait de Notre Seigneur, nous aurions à la rejeter comme une illusion du diable (TVD), ou dans son plus grand travail, l’Amour de la Sagesse éternelle, il écrit: « Savoir Jésus-Christ la Sagesse incarnée, c’est assez savoir; savoir tout et ne le pas savoir, c’est ne rien savoir » (ASE n.11). Pour Montfort le Christ détient la primauté absolue dans sa spiritualité et la même chose est vraie pour Frank Duff et la Légion qu’il a fondée. La note à la fin de l’index du Manuel dit tout : « Les références à notre bienheureux Seigneur n’ont pas été indexées. Car chaque mot de ce Manuel est exprimé en pensant à Lui, et par conséquent on devrait le trouver dans chacune de ses parties. En chaque lieu, en toute circonstance et en tout événement, le légionnaire devrait rencontrer Jésus… » On lit aussi avec grand profit l’article important de frère Duff : « La Légion est purement chrétienne ». Cet article est une classique référence à Montfort.

Donc finalement, d’où vient notre Consécration totale à Marie comme enseignée dans la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge de Montfort avec la Consécration totale au Christ qui est la réalité du Baptême? Peut-être qu’il est plus facile de citer à nouveau Montfort : « Plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ. C’est pourquoi la parfaite consécration à Jésus-Christ n’est autre chose qu’une parfaite et entière consécration de soi-même à la Très Sainte Vierge, qui est la dévotion que j’enseigne ; ou autrement une parfaite rénovation des vœux et promesses du saint Baptême » (TVD n.120). Pour Montfort, on ne peut pas comprendre la Vraie Dévotion à Marie en dehors du contexte du Baptême. Le rôle maternel de Marie est de nous permettre de grandir dans notre relation au Christ et par Lui dans la Trinité, qui a commencé dans le Baptême. Puissiez-vous tous avoir un très joyeux Carême en Jésus par Marie. Amen.